Angelica Lidell – The Scarlet Letter

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« A » comme Angelica, « A » comme Artiste, « A » comme Artaud, « A » comme Argent

Citations d’Angélica Lidell :

« Le désir est la violence de la mélancolie. Nous n’aimons que les lois que nous violons »

« Si c’était autrefois la religion qui censurait, rejetait, c’est aujourd’hui l’empire de la raison qui domine la pensée puritaine de notre société ».

Je respire mieux après avoir vu ce spectacle.

C’est une artiste, une grande artiste. Un maître à penser, à vivre, à aimer. Elle donne envie d’aimer, envie d’aimer jusqu’à la dévotion, jusqu’à la folie, Ses paroles sont crues, sans détour, sans aucun consensus ni bienpensante, oh non, elle dit sa vérité, une vérité que l’on n’entend pas, que pas grand monde n’ose dire ou même penser. Elle réaligne et clarifie les pensées. Elle redonne toute l’importance d’aimer l’autre, de tout donner pour l’autre, de ne pas faire dans la demie-mesure, ne pas se protéger de la douleur, de la mélancolie, elle dit que c’est possible et même louable de s’humilier par amour. Elle cite Anna Karénine, Emma Bovary. Elle en fait des icones, elle dit qu’elles ne sont pas de ces femmes prétentieuses, menteuses, superficielles, frustrées, abimées, elles sont vaillantes et admirables. Elle cite tous ses maitres, ses guides, des artistes sans concession : Artaud, Barthes, Pasolini, Fassbinder….

Elle est entourée de son harem de danseurs, des hommes, sublimes.

Elle les aime, elle les chérit, elle les supplie, elle les touche, elle leur prend le sexe à pleine main. Ils et elle sont à la fois des jouets, des esclaves de l’amour, des anges, des princes, des déesses, des nymphes. Elle, est tantôt belle, tantôt monstrueuse, tantôt petite fille, tantôt sorcière. Elle ose tout. Elle montre tout de l’amour, le véritable selon elle. Dans l’amour il y a tout, et il n’y a de honte à rien, aucune honte à aimer, à supplier, à déclarer, à tout donner.

Comme d’autres grands artistes comme Jan Fabre ou Pasolini, elle ne fait pas du politiquement incorrect pour provoquer ou choquer, elle évoque de nouvelles questions.

Elle déplace les points de vue établis, elle questionne, elle ouvre de nouveaux paradigmes. Et n’est-ce pas le propre de l’artiste de ne pas manipuler des idées confortables, où l’acquiescement est évident. N’est-ce pas le propre de l’artiste d’ouvrir les horizons, ouvrir les possibles, sans être dans le convenu, l’art bourgeois. Angelica Liddell est un électrochoc, elle réveille les consciences, elle redonne sens à la vie, sens à la philosophie, sens aux grands maitres. Sans jamais citer le mot féminisme, elle nous livre sa pensée concernant ce concept qui rôde dans l’air du temps, qui prend de la place, trop de place selon elle. Elle rebat les cartes du discours ambiant actuel. Son spectacle et son art sont transgressifs dans le sens où elle ne respecte aucune règle établie. Avec cet hommage puissant à l’art et à ceux qui ont fait l’art hier, elle nous fait le cadeau de nous offrir l’art d’aujourd’hui.

C’est un spectacle cathartique qui révèle la nature humaine dans ce qu’elle a de plus sombre et de plus beau. Elle a le courage de faire un spectacle transgressif pour de vrai. 

Camille Jouannest

Comédienne et metteuse en scène

 

Réservez vos billets auprès du Théâtre de la Colline

The Scarlet Letter d’Angélica Lidell jusqu’au 26 janvier 2019 au Théâtre de la Colline à Paris

avec des danseurs et des comédiens : Joele Anastasi, Tiago Costa, Julian Isenia, Angélica Liddell, Borja López, Tiago Mansilha, Daniel Matos, Eduardo Molina,  Nuno Nolasco, Antonio Pauletta, Antonio L. Pedraza, Sindo Puche

Photo à la Une © Simon Gosselin

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