Aurélien Bory à Stéphanie Fuster : « Qu’est-ce que tu deviens ? »

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Remarquable solo de flamenco déstructuré et réinventé par la danseuse Stéphanie Fuster (concept : Aurélien Bory)

On avait adoré « Plexus » d’Aurélien Bory, cette scène de fils tendus à la verticale dans lesquels la danseuse japonaise Kaori Ito se perdait pour mieux nous retrouver.

Avec « Qu’est-ce que tu deviens ? », créé quatre ans plus tôt, le chorégraphe explore un autre territoire moins formel et plus encombré : le flamenco. Danse andalouse chargée, s’il en est, de mythes, d’histoires et de clichés.

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© Mario del Curto

Avant de commencer à danser, il s’agissait donc de mettre à nu cette danse. Ce qui est fait de manière assez littérale en préambule… où l’on se débarrasse longuement de la traditionnelle robe rouge à volants.

« Qu’est-ce que tu deviens ? » La question s’adresse dans cette pièce peut être autant au flamenco, qu’à la soliste Stéphanie Fuster. Danseuse française qui a passé dix ans en Andalousie pour se former auprès des maîtres absolus du genre comme Israel Galvan. Avant de revenir.

Avec Jose Sanchez (guitare) et Alberto Garcia (chant) elle nous livre un aperçu de son travail d’apprentissage et de reconstruction. Eclairée au néon, dans une scène sur la scène (un algeco qui fait office de studio de répétition) Stéphanie Fuster joue avec son reflet après avoir flirté avec son ombre. Formidable travail de mise à nu : le flamenco et ses postures outrées peut alors faire penser à un art martial de la passion. Mais ce serait sans compter avec la sublime dentelle des mains, avec l’ondulation du torse et des hanches et ces pieds ! Qui semblent comme emballés dans une course rythmique folle, pour mieux s’arrêter net, avant de reprendre en douceur.

C’est le zapateado. Marque de fabrique du Flamenco, danse de la terre et du feu. De la terre que l’on frappe, que l’on travaille en rythme jusqu’à l’épuisement pour mieux dire, sa rage, son amour, son désespoir.

Là encore Aurélien Bory veut nous surprendre et nous offre une autre lecture « élémentaire », autour de l’air et de l’eau.

Pour cette troisième partie, tout aussi éblouissante que la seconde … éclaboussante aurait-on envie de dire, la vapeur s’échappe de la salle de répétition, tandis que l’eau envahit la scène.

La danse se joue alors de l’eau, de son pouvoir amortissant et adoucissant, des clapotis, et des gerbes majestueuses. Pour un final à mort, qui claque comme une pirouette. Lavée, essorée, la tradition est bien dépoussiérée.

Frédérique Lebel, 6 avril 2016

Journaliste, Accents d’Europe, RFI

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© Mario del Curto

 

5-16 avril 2016 : Reprise au Théâtre Monfort à Paris de la pièce « Qu’est-ce que tu deviens ? » créée en 2008 par Aurélien Bory.

Voir le calendrier de tournée de la compagnie 111

Image à la une © Aglaé Bory

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