La Fabrique de la danse, le premier incubateur de chorégraphes

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La Fabrique de la danse, le premier incubateur de chorégraphes, appelle tout artiste en voie de professionnalisation ou ayant besoin de se ressourcer à postuler pour rejoindre son deuxième programme. A cette occasion, j’ai eu envie de questionner Christine Bastin, chorégraphe de la Folia, marraine de la compagnie Danse en Seine et associée à la start-up culturelle, La Fabrique de la danse, pour connaître le bilan de la promotion pilote et valoriser cette proposition unique dédiée aux chorégraphes.

Pour en savoir plus et déposer votre dossier : http://www.lafabriquedeladanse.fr/incubateur-de-choregraphes/

Christine Bastin, comment vous êtes-vous associée à la Fabrique de la danse ?

Il y’a 3 ans, à la demande de la MPAA (Maison des pratiques artistiques amateurs), j’ai transmis une pièce de mon répertoire, Gueule de loup, à des danseuses amateures de la compagnie Danse en Seine **. L’expérience s’est avérée extraordinaire et on a partagé le fond des choses et beaucoup échangé, notamment sur les difficultés rencontrées par les artistes. Elles avaient envie de lancer un nouveau lieu pour la création contemporaine. C’est de ces échanges que le projet de la Fabrique de la danse est né. Nous avions la sensation que mêler nos compétences devait permettre d’inventer quelque chose, moi de mon expérience de chorégraphe, elles, des techniques apprises en entreprise.

Comment placer les techniques de l’entreprise au service de l’art ?

Nous avons réalisé que, par bien des aspects, le chorégraphe est comme un chef d’entreprise sans y avoir été formé. Il y’a beaucoup de gens magnifiques, qui inventent tout le temps et nous avons eu envie de stimuler cela. Nous souhaitons les aider par un programme d’accompagnement complet sur plusieurs aspects incontournables pour les chorégraphes : la création de la chorégraphie, des lumières, du son, l’administration de la compagnie, la communication etc.

Nous voulons innover pour trouver un fonctionnement avec nos bagages et soutenir l’essor de la danse contemporaine.

Quel constat faites-vous ?

Les mots « entreprise » et « artiste » ne font pas bon ménage dans la pensée française (cela peut être différent ailleurs, aux USA par exemple). Pourtant la question de l’argent est centrale pour les artistes. Comment être indépendant de la subvention ? A l’heure actuelle, nombreux artistes sont démunis face à la baisse, pire à la suppression des subventions, qui sont devenues indispensables pour leur fonctionnement.

Comment booster le fonctionnement d’une compagnie pour faire face aux aléas de la conjoncture ? L’administratif peut effrayer, toutefois il faut savoir monter sa structure et administrer seul au démarrage. Avec la baisse des moyens, les chorégraphes sont amenés à faire plein de choses par eux-mêmes. J’ai connu l’âge d’or, les concours, l’embauche d’administrateur, de chargé de diffusion tout de suite, et deux-trois producteurs suffisaient pour créer un spectacle, maintenant nous avons besoin de 10 producteurs. C’est dur pour les artistes actuels : beaucoup de répétitions ne sont plus payées, le paiement se fait au cachet. En Ile-de-France, nous sommes 6 fois plus nombreux, la DRAC ne sait plus où donner de la tête. Maintenant, tout est différent : beaucoup plus de chorégraphes, moins de moyens, des réductions budgétaires pour tous : artistes, programmateurs, théâtres, collectivités territoriales, beaucoup de répétitions non payées, baisse des cachets… etc.

Il y a de toute évidence urgence à inventer d’autres moyens de fonctionner et nous pensons qu’aujourd’hui les chorégraphes sont prêts à accueillir cette idée d’être également des entrepreneurs. Cela crée peut-être un choc de cultures, mais il correspond à l’envie d’innover de La Fabrique de la danse. Nous pensons ainsi pouvoir redonner un élan et un avenir à la création chorégraphique

Quel est votre rôle, Christine Bastin, dans la Fabrique de la danse ?

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Christine Bastin © Fabrique de la danse

Mon titre est Directrice artistique. Dès le démarrage du programme de formation d’accompagnement du chorégraphe l’an dernier, j’ai eu pour la promotion pilote un rôle pédagogique et artistique mais je suis aussi associée. Nous sommes en train de créer l’entreprise, qui a tout juste 1 an. Comme tous les associés, je suis engagée dans les décisions de tout ordre.

Personnellement, j’amène à La Fabrique, mon expérience de chorégraphe et de pédagogue, ma connaissance du milieu artistique dont nous avons reçu énormément de soutiens. L’enthousiasme des artistes vient de ce que ce projet apporte de grandes espérances, des solutions peut-être : un nouveau lieu à Paris pour accueillir la danse et la création, qui recherche son indépendance financière, et invente un modèle économique nouveau, social et solidaire.

Quelle a été la motivation des candidats de la promotion-pilote ?

Il y’a eu un engouement pour tester les formations et pour se regrouper. Ils ont adoré être entre chorégraphes. Les confrontations renforcent les différences, et c’est ce que je recherche dans le module recherche et création chorégraphique, où ils sont invités à affirmer leur singularité ; Ils étaient très motivés aussi par l’aventure nouvelle… pour tous !

Quel était le profil ?

Quatre sont des anciens du Conservatoire (CNSMP), deux autres sont anciens interprètes de la compagnie de Josette Baïz. Ils avaient tous commencé la création, tous étaient déjà en route, c’est d’ailleurs l’un des critères pour intégrer le programme. Il faut avoir déjà deux créations à son actif. Il faut déjà s’être posé comme créateur, dans la recherche et la création chorégraphiques.

Comment s’est déroulé le premier programme ?

Le programme de l’incubateur de la Fabrique de la danse s’est déroule en courts modules tout au long de l’année, en parallèle de la vie des chorégraphes. On demande aux chorégraphes de venir avec un projet et de vivre leur expérience personnelle. Chacun peut être à un stade différent de création. Ils ont suivi de façon collective les modules : recherche et création chorégraphique, structuration du projet de compagnie, initiation à la lumière, et approche théâtrale de l’espace.

En parallèle, ils ont bénéficié d’un accompagnement personnalisé avec les associés de La Fabrique de la danse, selon leurs besoins et dans nos domaines de compétence : chorégraphie, financements, communication, teaser, questions juridiques, construction de dossiers spécifiques… et la hotline du vendredi à disposition !

Ils ont bénéficié également de studios de répétition pour leur travail de création, et par le biais d’ateliers avec des danseurs bénévoles, ils ont pu tester leur matière chorégraphique et s’exercer à la direction d’interprètes.

Ils ont participé également aux évènements de la Fabrique de la danse : improvisations en public au Centquatre, rencontres, tables rondes… et enfin ils montreront un extrait de leur travail sur scène, lors de la soirée des chorégraphes venant clôturer le programme.

Quelles sont les expériences des différents associés venus du monde de l’entreprise ?

 Orianne Vilmer, intervenante sur la structuration du projet de compagnie, a une formation d’ingénieur et travaillait au sein de grands groupes, où elle s’est formée en gestion budgétaire et gestion des ressources humaines. Elle a aussi une expérience d’administratrice de compagnie chorégraphique.

Emmanuelle Simon, responsable de l’incubateur, est de formation ingénieur, était économiste et elle dispose d’une belle expérience en gestion de projets. Elle coordonne le programme.

Laure Nouraout, ex-journaliste, s’est forgée une expérience en communication en entreprise. Elle partage sa maîtrise de la théorie et de la pratique du montage-vidéo. Elle a par exemple animé un atelier sur comment faire soi-même un teaser de spectacle ?

Jocelyn Muret a créé son entreprise de consulting il y’a 8 ans, il intervient comme conseil et encourage la prise de risques.

Lucie Mariotto a travaillé en publicité et marketing digital. Elle apprend aux chorégraphes à se vendre comme acteur de médiation et comme artiste.

Quand se termine la promotion pilote ?

La promotion pilote se termine le 13 juin 2016 par une soirée au Centquatre où chacun va présenter 10 minutes de son travail devant les professionnels. Le programme court depuis le mystère du studio à la présentation au public.

Quels sont les principaux bénéfices pour les chorégraphes ?

Dynamisation de leur projet, sortie de la solitude et émulation collective. Chacun devrait en ressortir conforté dans ses pistes de travail en tant qu’artiste et assumer sa posture de chorégraphe et de chef de structure, qui va embaucher des danseurs par exemple.

Quelles ont été les bonnes surprises de cette première expérience ?

La joie et l’énergie que cette expérience dégage pour tous. Quelque chose se tisse, par exemple, les chorégraphes ont créé un blog entre eux et ont trouvé des collaborations ou des envies de partager.

Quelles sont les grandes évolutions pour la prochaine promotion ?

Nous avons un nouveau partenaire : le Carreau du temple qui mettra à disposition plusieurs studios danse sur 8 semaines du lundi au vendredi pour le travail personnel des chorégraphes.

Nous lançons le parcours « son et chorégraphie » : comment traite-t-on la musique dans la création contemporaine ? Peu de chorégraphes travaillent le rapport son-chorégraphie alors que la musique est omniprésente. Christophe Sechet en sera l’intervenant.

Chaque parcours a été réajusté dans son contenu et sa durée selon le feedback des chorégraphes interrogés à chaque intervention.

Nous réfléchissons actuellement à comment étendre la hotline sur d’autres journées que le vendredi.

Quels sont les critères de sélection ?

– Avoir déjà au moins 2 créations à son actif

– Être en voie de professionnalisation ou souhaitant se ressourcer. Il n’y a pas de limite d’âge ou de restriction aux chorégraphes émergents, c’est une possibilité pour des chorégraphes plus matures de se remettre en jeu. … Et toutes les esthétiques de la danse, des arts du cirque, des arts du mouvement sont les bienvenues !

Quelles sont les échéances ?

  • Date limite d’envoi des candidatures : 15 mai 2016 à 23h59.
  • Annonce de la présélection : 30 mai 2016
  • Oraux : 8 et 9 juin 2016
  • Annonce de la promotion 2017, le 11 juin au plus tard aux chorégraphes, et officiellement le 13 juin 2016 lors de la soirée de clôture de la promotion 2016.

Pour en savoir plus et déposer votre dossier : http://www.lafabriquedeladanse.fr/incubateur-de-choregraphes/

 

Interview de Christine Bastin par Catherine Zavodska le 7 avril à la Gaîté Lyrique

 

Vous êtes danseur amateur et avez envie de participer aux ateliers d’expérimentation, la condition est d’adhérer à Danse en Seine et d’envoyer un email à : ateliers@danseenseine.org. Prochains ateliers le mercredi soir dès le mois de mai ou le week-end des 4&5 juin.

La Fabrique de la danse a remporté l’appel d’offre du concours Réinventer Paris pour un lieu, sis avenue Gambetta, qui ouvrira en 2019. Un ancien parking sera réhabilité en un lieu de travail dédié à la danse: incubateur, accueil en résidence en échange de services rendus à la Fabrique, ateliers amateurs, une scène équipée pour accueillir jusqu’à 100 personnes, espaces de co-working pour starts-up, l’Atelier pour fabrication de décors et accessoires etc. Un magnifique projet, un lieu unique, la meilleure nouvelle de l’année 2016. à suivre avec DanseAujourdhui…à découvrir au Pavillon de l’Arsenal*

La Fabrique de la danse a organisé le 13 avril 2016 au Centquatre une table-ronde sur les plateformes innovantes, c’est Christine Bastin qui en fait le compte-rendu.

* Réinventer.Paris : jusqu’au 8 mai 2016, exposition des résultats de l’appel à projets urbains innovants au Pavillon de l’Arsenal, Paris

** Danse en seine, association créée il y’a 5 ans, est l’occasion d’échanges de toutes sortes entre danseurs amateurs et chorégraphes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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