Lucinda Childs, DANCE, révolutionne notre perception

lucinda-childs-par nathaniel tileston

Lucinda Childs, héraut de la révolution artistique américaine des années 60-70

Je me prépare à voir DANCE de Lucinda Childs (1979). J’étais intriguée par les extraits vidéo, fascinée par les chorégraphies d’Einstein on the Beach (re-création au Châtelet, janvier 2014). Pour étayer cette recommandation, j’ai lu le dernier ouvrage sur « Lucinda Childs, Temps/Danse » de Corinne Rondeau, paru aux éditions du CND en nov.2013. Cette lecture, parfois difficile, m’a éclairé sous un nouveau jour sur l’art minimaliste des années 60-70 et les recherches chorégraphiques de Lucinda Childs en symbiose avec cette époque révolutionnaire.  DANCE marque la fin d’une époque et le début d’une nouvelle pour la danse contemporaine. Si vous aimez Philip Glass, la musique sérielle américaine et Fase d’Anne Teresa de Keersmaeker, courez-y, vous ne devez pas manquer DANCE.

Voir de la danse et se laisser envahir

DANCE (1979) est pour Lucinda Childs l’aboutissement de plus  de 15 ans de recherches chorégraphiques. La participation majeure de Lucinda Childs à l’oeuvre mythique de Robert Wilson et Philip Glass, Einstein on the Beach, contribue à sa renommée, DANCE en est le sommet. Cette pièce est considéré comme un chef d’oeuvre de l’art minimaliste américain, fruit de la forte interaction d’un compositeur, Philip Glass, d’une chorégraphe et d’un plasticien aujourd’hui renommé, Sol Lewitt. La révolution artistique s’est produite aux Etats-Unis, dans la seconde moitié du XXème siècle, grâce à ces fortes personnalités qui ont réussi à renouveler leur art. La collaboration de ces trois talents a donné ce chef d’oeuvre, qui cherche à renouveler la perception que le spectateur a de la danse. D’où ce titre, qui présente en toute transparence son ambition : DANCE. Vous allez voir de la danse, intensifiée par la musique originale de Philip Glass, le film et les lumières de Sol Lewitt. L’art minimaliste a pour ambition d’explorer les perceptions d’un corps en un temps et en un lieu. Une fois assis, ne pensez plus, laissez vous surprendre.

Renouveler sa perception de la danse : 1+1=3

DANCE réunit sur scène des danseurs de sa compagnie formés à la danse classique, capables d’une précision virtuose du mouvement. C’est la volonté de Lucinda Childs, qui a besoin de danseurs-métronomes qui collent à la participation musicale. Si la musique est originale, pas de musiciens live. Telle était la volonté affichée de Sol Lewitt pour éviter tout risque de décalage entre les mouvements des danseurs sur scène, ceux des danseurs filmés et l’orchestre.

DANCE met fin à la narration. L’accumulation, la répétition, les décalages cherchent à bousculer la perception des spectateurs, pas à illustrer une histoire, comme dans le ballet, ou un propos, comme en danse contemporaine. Lucinda Childs pense tout le temps au spectateur, considéré comme une entité subjective, un être unique, qui percevra différemment la danse, parce que son point de vue est toujours différent de celui de son voisin. L’interaction entre la musique, la danse sur scène et le film des danseurs recherche à créer une sensation au-delà ce que le spectateur voit. C’est le principe du 1+1=3.  Comme l’écrit Corinne Rondeau, l’intention des artistes est de « faire entrer les spectateurs dans une boîte optique en lui faisant faire l’expérience d’une chorégraphie qui réinvente l’espace ».

Catherine Zavodska, le 25 septembre 2014

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À voirDANCE de Lucinda Childs, au Théâtre de la Ville, Paris, du 17 au 25 octobre 2014. Places réservées le samedi 18 octobre, 20h30 au prix de 25€ (ald 35€).

À lire : pour comprendre l’art de Lucinda Childs et découvrir 50 ans de création chorégraphique

 

 

childs-rondeau-editions Lucinda Childs, Temps/Dance, de Corine Rondeau, éd. Centre National de la Danse (prix=27,50€ ttc)

 

Crédits photo à la Une : Nathaniel Tileston (Solo #4 de Lucinda Childs, 1979)

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