Dure saison pour les hommes
Phia Ménard (née homme en 1971, devient femme en 2008) s’attaque sauvagement au patriarcat dans Saison sèche, une pièce jouissive et angoissante créée pour le Festival d’Avignon en juillet 2018.
Dans Saison sèche de Phia Ménard, sept danseuses toutes chattes dehors interprètent en amuse-bouche la mise au placard psychiatrique de celles qu’on envoyait si facilement à l’asile dès qu’elles étaient un peu trop rebelles. Puis elles se transforment à coup de peinture fluo en sorcières, gardiennes de la sorrorité inventant de nouveaux codes païens. Enfin elles se parent des attributs masculins avec beaucoup d’humour en mode atelier « dragking ».
L’interprétation à vif et totalement engagée des danseuses est soutenue par une scénographie radicale, au scalpel. Au départ c’est simplement une boîte blanche avec des néons, mais le plafond trop bas menace rapidement d’écraser les performeuses. Lors de la séquence masculine les murs se transforment en meurtrières laissant échapper des flots de peinture noire, comme une diarrhée de connerie humaine générée par des générations d’hommes belliqueux. Finalement les danseuses crèvent méticuleusement les parois rongées d’humidité. C’est un carnage, une catharsis jubilatoire qui rend les mains moites et donne envie de se battre pour inscrire cette pièce au programme obligatoire des lycées, comme le manifeste féministe « King Kong théorie » (2008) de Virginie Despentes le fût il y a 10 ans.
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Crédits photo © Christophe Raynaud de Lage pour le Festival d’Avignon
Saison Sèche – Extrait – from Cie Non Nova on Vimeo.
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