Souls, le poids du destin par Olivier Dubois

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Souls d’Olivier Dubois n’est pas une réplique  formelle de Tragédie
Si le thème de la tragédie humaine en est commun, le chorégraphe a recherché dans le berceau de l’humanité, l’Afrique, des individus pour qui le poids du destin fait sens.
Dans Tragédie, le spectateur était hypnotisé malgré lui par la transe collective des danseurs. Avec Souls, Olivier Dubois cherche l’implication du spectateur autrement, par une invite avec le jeu des regards. Si, comme moi, le spectateur attend de revivre les émotions de Tragédie et se refuse à regarder, il risque de s’y ennuyer. Déçue moi-même la première fois, j’ai eu la chance de pouvoir interroger Olivier Dubois pour éclairer ce que je n’avais pas su voir.

Souls d’Olivier Dubois © Antoine Tempé

Les interprètes
Pourquoi créer en Afrique ?
Olivier Dubois a cherché à être au plus près de danseurs pour qui l’animisme donne un sens à la vie. Dans les croyances animistes, Olivier Dubois retrouve le sujet qui l’intéresse : la vie et la mort jumelés.
Souls d’Olivier Dubois © Antoine Tempé
La vision du monde des danseurs a chargé la pièce de façon unique et non reproductible. Olivier Dubois a volontairement cherché à (se) coltiner le poids du destin, individuel et collectif. Ces danseurs, portent les générations antérieures et l’Histoire, qui pèsent sur leur destin d’homme, sur leurs épaules. Souls ne raconte pas d’histoire(s) mais veut convoquer les âmes.

Il est beaucoup question d’écrasement, la musique à l’avenant. François Caffenne, de nouveau compositeur partenaire, cherche à « approcher l’âme »  dans un roulement fracassant selon les vœux du chorégraphe. 
Comment créer de nouveau après un succès quand on est jeune chorégraphe ?
J’aimerais ici saluer Olivier Dubois, tout comme Anne Teresa de Keersmaeker, qui cherchent à renouveler leur écriture après le succès, au risque de décevoir les spectateurs. La création est un processus avant d’être un résultat. Les créateurs coltinent le poids de l’inconnu.
J’ai repensé à la rencontre que DanseAujourdhui avait organisée au Théâtre de la Ville avec Amandine Beyer, la violoniste qui accompagnait Anne Teresa de Keersmaeker et Boris Charmatz pendant 2 ans  lors de la création de Partita 2 et sur scène. Amandine s’est avouée profondément admirative du processus de création des chorégraphes/danseurs. Leur acceptation de l’inconnu l’avait littéralement bluffé. Bien que virtuose reconnue, elle se considère très modestement interprète. C’était une leçon de modestie pour moi, simple spectatrice.
Olivier Dubois est parti chercher l’aventure en Afrique. Il s’y est préparé avec des idées précises, il  a écrit comme à son habitude la partition chorégraphique en avance. Sur place, il s’est fait « alchimiste » pour le travail de création avec les danseurs. D’Afrique, Olivier Dubois est revenu avec la révélation que le processus de création relève de « l’artisanat ». Nous lui souhaitons que cette découverte nourrisse son projet d’accueillir la jeune création au Centre Chorégraphique National de Roubaix dont il est le nouveau Directeur.

Catherine Zavodska

N.B. Les mots entre guillemets sont ceux d’Olivier Dubois en entretien

Interprètes : Tshireletso Molambo (Afrique du Sud), Youness Aboulakoul (Maroc), Jean-Paul Mehensio (Côte d’Ivoire), Hardo Papa Salif Ka (Sénégal), Ahmed El Gendy (Egypte), Djino Alolo Sabin (RDC)

Prochain spectacle : Élégie d’Olivier Dubois, création 2013 pour le Ballet de Marseille, présentée pour la première fois en Ile-de-France les 6-7mai  2014 à la MC93 de Bobigny. Si vous souhaitez venir avec le réseau DanseAujourdhui et bénéficier de notre tarif préférentiel, m’écrire à catherine@danseaujourdhui.fr.

Tarif préférentiel DanseAujourdhui pour Souls = 15€ (ald 20€)
Date réservée : samedi 15 mars à 21H au Centquatre, Paris 18.



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